Les clients et les employés qui n’ont pas été vaccinés contre la Covid-19 se verront bientôt refuser l’accès aux bureaux de Morgan Stanley à New York. C’est ce qui ressort d’une note interne de la grande banque américaine, que le Financial Times a pu consulter. Avec cette décision, Morgan Stanley veut assurer un retour au bureau le plus rapide possible et dire au revoir aux autres mesures sanitaires, telles que la distanciation sociale et le port du masque.
« Si vous pouvez aller au restaurant, vous pouvez retourner au bureau », annonçait James Gorman, le CEO de la banque, la semaine passée. Les travailleurs non vaccinés devront continuer de télétravail, a publié la BBC d’après une source anonyme. La banque possède également déjà des bureaux réservés aux personnes vaccinées. Et BlackRock, le plus grand gestionnaire de fonds du monde, adopte une politique semblable.
Ce choix inspirera-t-il les entreprises belges à fixer des conditions similaires, maintenant que l’obligation du télétravail sera supprimée à partir du 1er juillet ? Et un employeur peut-il refuser l’accès au lieu de travail à un travailleur parce que celui-ci n’a pas été vacciné ?
Vie privée vs. sécurité du personnel
« Tant le service fédéral compétent que l’autorité de protection des données indiquent très clairement qu’un employeur ne peut pas demander à un travailleur s’il est vacciné et ne peut donc pas y associer de conséquences négatives », déclare Geert Vermeir, expert juridique chez SD Worx. « Pour ces acteurs, le droit au respect de la vie privée prime. » Les tests de dépistages doivent également être proposés sur base volontaire.
Mais Geert Vermeir ajoute qu’il n’existe pas de cadre légal clair, et qu’il ne s’agit donc que d’interprétations.
Selon Filip Tilleman, avocat spécialisé en droit du travail, il n’existe pas encore de réponse juridique contraignante à ce jour. Si un travailleur se voit refuser l’accès à son lieu de travail, voire est licencié pour ne pas s’être fait vacciner, et que l’affaire est portée devant les tribunaux, Filip Tilleman estime que le juge se trouve dans une « position très délicate ». « Il se retrouve alors face à un conflit radical entre deux valeurs fondamentales et aussi importantes l’une que l’autre : le devoir de l’employeur de fournir un environnement de travail sûr – le bien-être au travail est une obligation légale – et le droit au respect de la vie privée. Ce conflit se présente surtout dans les entreprises où tout le monde travaille au coude à coude et où aucune distance ne peut être respectée, »